Cette annonce a été écrite par Nick, notre senior narrative designer. Le traducteur a fait ce qu’il a pu pour retranscrire son humour.
Quelques jours avant chaque extension majeure, c'est le jour des patch notes. Pour les non-initiés, vous devez savoir que le jour des patch notes est aussi réjouissant que si Noël et votre anniversaire étaient combinés et que votre seul cadeau était une liste d'informations (en imaginant que les informations, c'est vraiment votre truc). Les patch notes sont l'aboutissement de plusieurs mois de travail de la part des employés de GGG, distillés en quelques centaines de phrases, qui ne rendent absolument pas justice au montant de travail et d'amour ayant été déployé à chaque fois. Mais il faut bien quelqu'un pour faire ces patch notes.
Ce quelqu'un, c'est moi, et le travail nécessaire pour les patch notes de chaque nouvelle ligue est considérable. Aujourd'hui, je vais vous faire découvrir ce processus du début jusqu'à la fin, afin de vous donner une idée de ce qui se passe dans les coulisses.
Première étape : accumulation
Contrairement à la croyance populaire, les patch notes ne sont pas générées automatiquement. Et ce n'est également pas possible que tous ceux qui travaillent sur le jeu écrivent leurs propres patch notes. À la place, chacun travaille normalement, que ce soit en créant des modèles de monstres, affinant l'équilibrage des aptitudes ou en divisant par deux le taux de cession des Orbes exaltés. Les intéressés, tout en ajoutant leur contribution à notre version de contrôle du jeu (ajoutant un fichier de plus à l'immense collection de fichiers du jeu), écrivent une petite note détaillant ce qu'ils ont fait. Chaque petite touche apportée à Path of Exile est ainsi consignée dans un immense recueil de fichiers, accompagnée d'une petite note, ce qui permet de la visualiser avec notre programme de contrôle de version. Concrètement, cela ressemble à ça :
Avant de pouvoir commencer à rédiger les patch notes, je dois parcourir toutes ces notes et sélectionner celles qui sont pertinentes, c'est-à-dire toutes celles qui traitent soit de choses qui modifient le contenu de manière perceptible, soit de nouveautés à propos desquelles les joueurs voudront avoir plus d'informations. Nous avons quatre catégories de notes, et pour chaque mise à jour majeure (une par trimestre en moyenne), il y a au minimum
vingt mille notes à traiter. Je récupère les notes pertinentes et je commence à les lister dans un brouillon. Cela peut me prendre plusieurs jours rien que pour faire ça. Une fois que j'ai fini, je prends un verre de quelque chose de corsé et je serre les dents pour la prochaine étape.
Deuxième étape : transcription
Les personnes qui travaillent chez GGG sont très compétentes et intelligentes, et je les apprécie beaucoup. Mais pour ce qui est de rédiger des notes détaillant leur travail, elles sont d'une nullité totale. Mais je ne leur en veux pas : ce n'est pas vraiment leur travail que de rédiger ces notes, après tout. Le travail de bon nombre de gens n'apparaît pas dans les patch notes, tout simplement en raison de la nature de leur travail, par exemple de nouvelles microtransactions ou des améliorations de performances, graphiques ou audio. Donc 98% du temps, si leurs notes n'ont aucun sens, ce n'est pas grave. Mais c'est mon travail de m'assurer que leurs notes soient vraiment sans importance, ou qu'elles prennent du sens dans le cas contraire.
Nous avons un système nous permettant d'avoir un suivi du travail à faire, et ces notes sont en général liées à ce système. Donc je regarde les notes que j'ai sélectionné, je repère le « problème » (le suivi principal de cette partie du travail) et je parcours toutes les notes et commentaires à ce sujet afin de comprendre ce qu'une note du genre « ajusté les dégâts » peut bien vouloir dire.
Souvent, ça porte sur quelque chose que les joueurs n'ont pas encore vu, donc ça va dans la catégorie « non pertinent ». Parfois, ça porte sur quelque chose d'important, comme par exemple une aptitude de joueur existante ou un combat de boss, et je dois comprendre ce qui a changé et comment, et noter ce changement sous forme de patch note.
Il faut noter toutefois que tous ne sont pas aussi nuls pour ce qui est de rédiger des notes, et les
game designers en particulier se sont beaucoup améliorés depuis que j'ai menacé de leur mettre une manchette sèche sur la nuque s'ils continuaient à rédiger des notes sans détails. Par chance, ils ne se sont pas encore rendu compte que ma force physique est très faible et que mes bras sont moelleux comme des marshmallows. Merci les gars !
Cependant, il arrive parfois que le contenu d'une note ne soit pas clair, même avec les informations du logiciel de suivi. Cela arrive notamment pour les bugs les plus pernicieux. Dans ce cas-là, je dois parler avec la personne qui a travaillé dessus et comprendre ce qu'elle a corrigé ou modifié.
Ce processus prend beaucoup de temps, et est souvent fait en parallèle avec les autres étapes détaillées ci-dessous. Je suis aussi du genre à m'ennuyer facilement, donc c'est au cours de cette étape que j'écris les blagues idiotes qui parsèment les patch notes, afin de me distraire. Ça ne marche jamais.
Troisième étape : détails
Malgré tout, même les meilleures notes contiennent rarement les détails spécifiques qui intéressent les joueurs. C'est pourquoi, à chaque patch, je dois comprendre quels sont les objets, aptitudes, mods et compagnie qui ont changé, et les passer en revue un à un dans le jeu afin de noter les anciennes et nouvelles valeurs. C'est la partie que je redoute le plus, car c'est très facile de rater quelque chose, comme par exemple un coût en mana qui change au niveau 1, et aussi parce que les rééquilibrages sont fréquents, donc tout ce que je note est susceptible de changer le jour d'après.
Ce qui n'aide pas, c'est que beaucoup de choses ont un nom en jeu qui n'est pas le nom utilisé dans les fichiers du jeu, et parfois, certains termes de nos fichiers ont le nom d'autres choses en jeu. Par exemple, si j'essaye de générer la gemme de malédiction Vulnérabilité, j'aurai en réalité la gemme Désespoir. Donc souvent, je dois résoudre une petite énigme avant de pouvoir déverrouiller la récompense qu'est l'Information d'Équilibrage.
Quatrième étape : traduction et correction
Lorsque nous publions des patch notes, elles contiennent généralement entre 7000 et 14000 mots et sont truffées de fautes de frappe, erreurs et informations obsolètes. Heureusement, nous avons une équipe QA (assurance qualité), qui est chargée de vérifier manuellement tous ces changements, et une équipe de traduction qui doit tout lire dans le but de traduire ces patch notes.
Habituellement, deux ou trois membres adorables de l'équipe QA relisent les patch notes, à la recherche d'erreurs ou d'oublis, et me laissent des notes afin que je puisse les corriger. Pendant ce temps, nos merveilleux traducteurs et traductrices lisent chaque phrase des patch notes avec soin afin de la transformer en quelque chose que leurs publics respectifs peuvent comprendre. Saviez-vous que nos patch notes sont traduites en huit langues différentes ? Nos traducteurs sont aussi exceptionnellement doués pour ce qui est de vérifier les noms, espaces, majuscules et bien d'autres choses du genre en rapport avec la myriade de termes du jeu, et me laissent plein de notes à lire afin que je puisse corriger ce qui doit l'être.
Cinquième étape : JOUR DES PATCH NOTES ! Publication et chagrin
Avant de pouvoir publier nos patch notes, il faut les mettre en page. Le jour des patch notes, Natalia, notre
community manager, passe quelques heures à faire ça, parce que c'est une masochiste. Le résultat final est toutefois vraiment superbe, donc merci Natalia ! Rieko, notre développeur web, a récemment créé un outil afin d'aider avec la mise en page et la publication de listes massives d'informations, telles que des listes de changements de mods. Merci Rieko !
Pendant ce temps, Bex, notre
community director (« director », la classe !), passe la journée à poster des
teasers, des
memes et à essayer de maintenir la communauté apaisée, tel un singe qui danse pour des cacahuètes dans un bazar, à la différence près que les cacahuètes sont ici des votes positifs (Bex est malgré tout simiesque).
Une fois toute la mise en page achevée, nous essayons de poster les patch notes dans toutes les langues simultanément et nous nous posons pour souffler un peu.
Je rigole !
En raison de la quantité gigantesque de changements à chaque patch (et certainement pas à cause d'une éventuelle incompétence de ma part), nous ratons souvent quelques changements, et les joueurs (et les autres développeurs !) sont plus que ravis de nous le signaler. Donc généralement, nous passons le reste du jour des patch notes à recevoir des messages de gens qui me signalent tout ce que j'ai raté, et ensuite je fais part à Natalia de tout ce qu'elle doit mettre à jour.
Sixième étape : oublier
Rédiger les patch notes, c'est un peu comme se casser un os ou manger trop de nourriture mexicaine : c’est un traumatisme. Au cours des jours qui suivent la publication des patch notes, j'essaye d’oublier à quel point les dernières semaines passées à lire en détail les notes des développeurs étaient horribles, et je travaille sur autre chose, ignorant naïvement les prochaines patch notes qui sont en train de poindre à l'horizon.
En comptant le temps nécessaire pour récupérer les informations pertinentes, rédiger et publier le résultat, les patch notes majeures de chaque nouvelle extension me prennent quelque chose comme 80 heures en tout, sans compter les autres personnes impliquées. Je m'occupe des patch notes depuis le patch de la 3.0.0, ce qui signifie que j'ai passé la moitié d'une année de travail rien qu'à faire ça.
Voilà, vous savez tout. Vous savez ce que ça implique de rédiger les patch notes. Vous êtes désormais maudits, vous aussi.
Je sais qu'il reste encore une question brûlante qui n'a pas encore eu de réponse : CESTQUANDLESPATCHNOTES ?
Le 12 janvier (PST). C'estàcettedatelespatchnotes.